Monday, April 7, 2025

Painters Painting Painters - I

Pietro Perugino
Portrait of painter Lorenzo di Credi
1488
oil on panel, transferred to canvas
National Gallery of Art, Washington DC

Anonymous Netherlandish Artist
Portrait of painter Jan van Wueluwe
1556
oil on panel
Royal Museum of Fine Arts, Antwerp

Anthony van Dyck
Portrait of painter Frans Snyders
ca. 1620
oil on canvas
Frick Collection, New York

Anthony van Dyck
Portrait of painter Pieter Stevens
1627
oil on canvas
Mauritshuis, The Hague

Anthony van Dyck
Portrait of painter Pieter Snayers
1630
oil on panel
Alte Pinakothek, Munich

Anthony van Dyck
Portrait of painter Martin Pepyn
1632
oil on canvas
Royal Museum of Fine Arts, Antwerp

Govert Flinck
Portrait of Rembrandt as a Shepherd with a Flute
1636
oil on canvas
Rijksmuseum, Amsterdam

Paul Mignard
Portrait of painter Nicolas Mignard
1672
oil on canvas
Musée des Beaux-Arts de Lyon

Isaac Fisches the Younger
Portrait of painter Georg Philipp Rugendas the Elder
1701
oil on canvas
Deutsche Barockgalerie, Augsburg

Hyacinthe Rigaud
Portrait Study of painter Gabriel Blanchard
1715
oil on canvas
Toledo Museum of Art, Ohio

Balthasar Denner
Portrait of painter Cornelis Troost
1737
oil on canvas
Rijksmuseum, Amsterdam

Balthasar Beschey
Portrait of painter Marten Jozef Geeraerts
ca. 1770
pastel
Royal Museum of Fine Arts, Antwerp

Guillaume-Jacques Herreyns
Portrait of painter Andries Cornelis Lens
ca. 1770-75
oil on canvas
Royal Museum of Fine Arts, Antwerp

Alexander Roslin
Portrait of painter Lié-Louis Périn
1791
oil on canvas
Musée des Beaux-Arts de Reims

Heinrich Friedrich Füger
Portrait of painter Joseph Karl Stieler
ca. 1800-1810
oil on canvas
Neue Pinakothek,  Munich

Pieter Christoffel Wonder
Portrait of painter Abraham van Strij
1812
oil on canvas
Dordrechts Museum

Bien sûr, mais c'est une autre histoire, Michelet déteste ce tableau autant qu'il l'admire, parce que c'est une cène truquée, et non pas truquée par l'absence du Christ, dont il se souciait peu et même qui l'enchantait – non, truquée parce que l'âme collective qu'on y voit, ce n'est pas le Peuple, l'âme ineffable de 1789, c'est le retour du tyran global qui se donne pour le peuple. Pas onze apôtres, onze papes.

Peu importe. Dans le grand vent de lumière qui au Louvre vers 1820 fit chanceler Michelet, le jeune homme pâle et frémissant sous sa chevelure pour peu de temps noire, il y a ceci encore: Michelet, qui a toujours dit et pensé que la vraie peinture d'Histoire n'était telle que lorsqu'elle s'efforçait de ne pas représenter l'Histoire, Michelet s'est vu ici démenti. Et il l'avoue noir sur blanc. Les Onze ne sont pas la peinture d'Histoire, c'est l'Histoire. Ce que Michelet a vu au bout du pavillon de Flore, c'est peut-être l'Histoire en personne, en onze personnes – dans l'effroi, car l'Histoire est une pure terreur. Et cette terreur nous attire comme un aimant. C'est que nous sommes des hommes, Monsieur; et que les hommes du haut en bas, les lettrés et les gueux, aiment passionnément l'Histoire, c'est-à-dire les terreurs, les massacres; ils accourent de très loin pour les contempler, terreurs et massacres, ils accourent sous le couvert de déplorer les massacres, de les réparer même, disent-ils, les bonnes créatures – et voilà pourquoi, Monsieur, nous sommes ici, avec les foules de toute la terre, devant la très énigmatique muraille de onze hommes sur quoi l'Histoire s'est juchée. Voilà pourquoi les foules de toute la terre passent en flèche et sans la voir La Joconde, qui n'est qu'une femme rêvant, devant La Bataille d'Uccello qui est pourtant à sa manière l'Histoire en personne et un des précédents indubitables des Onze, devant le spectre rouge du cardinal-duc peint par Champaigne, devant trente-six fois Louis le Grand sous sa perruque de monstre, et se plantent là, devant la vitre à l'épreuve de balles. 

– Pierre Michon, from Les Onze (Verdier, 2009)