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Anonymous French Artist Molière as César in Corneille's Mort de Pompée ca. 1658 oil on canvas Musée Carnavalet, Paris |
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Pietro Anichini Portrait of scholar Cassiano dal Pozzo 1659 engraving Kupferstichkabinett, Staatliche Museen zu Berlin |
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attributed to Claude Lefebvre Portrait of correspondent and stylist Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné ca. 1665 oil on canvas Musée Carnavalet, Paris |
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Jean-Baptiste Santerre Portrait of poet Nicolas Boileau ca. 1690 oil on canvas Musée des Beaux-Arts de Lyon |
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Catherine Lusurier Portrait of philosophe Jean d'Alembert 1777 oil on canvas Musée Carnavalet, Paris |
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John Singleton Copley Portrait of writer and performer Mary Robinson in the Character of a Nun ca. 1780 oil on canvas Huntington Library and Art Museum San Marino, California |
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Jean-Simon Berthélemy Portrait of philosophe Denis Diderot 1784 oil on canvas Musée Carnavalet, Paris |
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Anonymous French Artist Portrait of philosophe Nicolas de Caritat, marquis de Condorcet ca. 1793 oil on panel Musée Carnavalet, Paris |
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Louis Landry Portrait of dramatist Jean-Louis Laya 1795 oil on canvas Musée Carnavalet, Paris |
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Johann Gottfried Schadow Portrait of writer Friederike Unger ca. 1807 drawing Kupferstichkabinett, Staatliche Museen zu Berlin |
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Julius Schnorr von Carolsfeld Portrait of poet Zacharias Werner ca. 1810-20 drawing Metropolitan Museum of Art, New York |
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Louis-Pierre Deseine Posthumous Bust of art historian Johann Joachim Winckelmann 1818 marble Musée des Augustins de Toulouse |
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Johann Heinrich von Dannecker Portrait of dramatist Friedrich Schiller 1805 (modeled by Dannecker) 1837 (carved by another hand) marble Germanisches Nationalmuseum, Nuremberg |
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Henri Lehmann Portrait of writer Marie de Flavigny (publishing under pseudonym, Daniel Stern) 1843 oil on canvas Musée Carnavalet, Paris |
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Gustave Courbet Portrait of writer Jules Vallès ca. 1861 oil on canvas Musée Carnavalet, Paris |
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Thomas Couture Portrait of historian Jules Michelet ca. 1865 oil on canvas Musée Carnavalet, Paris |
Et encore, si comme je vous le conseille vous vous écartez du tableau, si vous lui tournez résolument le dos, si vous revenez carrément sur vos pas, si vous sortez de la pièce et faites quelques pas dans la galerie du Bord-de-l'Eau, et de nouveau faites volte-face, de nouveau par artifice pénétrez dans la grande salle où à l'exclusion de tout autre tableau se tient Les Onze; si vous vous arrêtez alors sur le seuil et regardez Les Onze comme si vous les voyiez pour la première fois – alors oui, vous savez presque à quoi cela vous fait penser. Et si par ailleurs il vous arrive quand vous n'êtes pas au Louvre de monter à cheval, de pratiquer pour mémoire cette très ancienne et obsolète occupation des hommes, ou simplement de fréquenter les lieux où se tiennent dans leur repos plein d'effroi les chevaux de monte; et si encore peut-être vous vous souvenez d'un jour où, venant de l'autre bout du pré et approchant à votre pas de l'angle largement ouvert de l'écurie où font front un à un dans leurs box alignés les chevaux, dont vous ne voyez que les têtes, découpées et bien mises en valeur par la petite porte basse qui dérobe leurs corps, d'où elles apparaissent comme suspendues là-haut par la vertu du Saint-Esprit, spectrales, vivantes, figées dans l'effroi et la lente expectative des bêtes – alors peut-être vous vous dites que Michelet dans son rêve ne s'est pas trompé tout à fait et qu'il y a là au Louvre onze formes semblables à des chevaux, onze créatures d'effroi et d'emportement: comme en ont sculpté les Assyriens de Ninive dans les chasses équestres où le roi tue des lions; comme elles galopent vers les damnés que nous sommes, quatre fois et sous quatre formes de chevaux, dans l'Apocalypse de Jean: comme cabrées sous Niccolò Da Tolentino, le condottiere de la nuit, dans Uccello; comme cabrées de même sous les Philippe de France et les Louis de France, les trente-deux Capets, plus tard sous Bonaparte; telles que les a peintes Géricault dans la sarabande des trains d'artillerie explosant en chaîne, terrifiées par l'odeur de la poudre et celle de la mort, mais comme sans effroi chargeant.
– Pierre Michon, from Les Onze (Verdier, 2009)