Saturday, March 1, 2025

At Table

Antoniazzo Romano
Salome with the Head of John the Baptist
ca. 1470
tempera on panel
Gemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin

Pontormo (Jacopo Carrucci)
Supper at Emmaus
1525
oil on canvas
Gallerie degli Uffizi, Florence

Jacopo Bassano
The Last Supper
ca. 1546
oil on canvas
Galleria Borghese, Rome

Hans Rottenhammer
Marriage at Cana
1606
oil on copper
Deutsche Barockgalerie, Augsburg

Filippo Tarchiani
Supper at Emmaus
ca. 1625
oil on canvas
Los Angeles County Museum of Art

Jacob Jordaens
As the Old Sing, so Pipe the Young
1638
oil on canvas
Royal Museum of Fine Arts, Antwerp

Dirck Hals
Interior with Merrymakers
ca. 1640
oil on panel
Gemäldegalerie, Staatliche Museen zu Berlin

Guy-Louis Vernansal
The First Passover
ca. 1710-15
drawing
Morgan Library, New York

Adolph Menzel
Frederick the Great at Sanssouci
1848
oil on paper
(study for painting)
Alte Nationalgalerie, Staatliche Museen zu Berlin

Roberto Bompiani
Roman Feast
ca. 1880
oil on canvas
Getty Museum, Los Angeles

Vilhelm Hammershøi
Interior with the artist's Mother and Sister
1884
oil on canvas
Ordrupgaard Art Museum, Copenhagen

William Merritt Chase
Sunlight and Shadow
1884
oil on canvas
Joslyn Art Museum, Omaha

Lovis Corinth
Frühstück in Max Halbes Garten
1899
oil on canvas
Lenbachhaus Munich

Albert Weisgerber
Parisian Cafe
1906
oil on canvas
Lenbachhaus Munich

Auguste Oleffe
Spring
1911
oil on canvas
Royal Museum of Fine Arts, Antwerp

Baccio Maria Bacci
Pomeriggio to Fiesole
(with self portrait)
ca. 1926-29
oil on canvas
Gallerie degli Uffizi, Florence

Collot, ah Monsieur, Collot, qu'on peut commenter jusqu'à demain; qui était d'Herbois comme Corentin était de la Marche; qui fut homme de théâtre, comédien, dramaturge, quelque chose comme un second Molière; qui écrivit cinquante pièces qui se vendaient bien et se jouaient bien (mais tombaient directement de sa main dans le gouffre), dont Nostradamus; qui buvait comme quatre pour faire venir le verbe et ne pas trop voir que son verbe à lui tombait droit de sa main dans le gouffre; qui traduisit Shakespeare et le joua en costume sur une scène exiguë avant de le jouer pour de bon sur la scène de l'univers, c'est-à-dire à Lyon en novembre dans la plaine des Brotteaux où sur ses ordres on amenait devant des fosses ouvertes des hommes attachés par dix, par cent, et à dix mètres de ces hommes il y avait les bouches de canons chargés à mitraille, neuf canons de marine montés de Toulon par le fleuve, neuf canonniers au garde-à-vous la mèche allumée dans novembre, et Collot était là non pas en fraise élisabéthaine mais avec le chapeau à la nation, l'écharpe à la nation, debout, shakespearien, mélancolique, hagard, limousin, peut-être ivre, avec son bras levé avec son sabre au bout comme une baguette de maestro pour commander le feu, et quant Collot baissait le bras le monde disparaissait au profit de l'émoi de neuf canons de marine: c'est plus fort, Monsieur, cela, plus fort et enivrant et peut-être plus littéraire même que toutes les répliques de Shakespeare, on le sent dans le secret de son cœur, malgré qu'on en ait; Collot, donc, bon shakespearien, comme il le prouva abondamment quand il fit Macbeth dans la plaine des Brotteaux, et qui assurément au Louvre dedans son col ouvert, son habit noir à collet triple, sa chemise blanche à collet double ouvert, et par là-dessus sa capote noire impeccable comme le manteau de la Reine de la nuit dans Mozart, pense pour l'éternité à ce grand premier rôle.

– Pierre Michon, from Les Onze (Verdier, 2009)